En 1986, nous avons été deux copains à décider de suivre le mouvement étudiant qui débutait et à décider que nous aussi dans notre IUT il fallait faire grève. Alors, à deux, on a décidé de boycotter le cours, et de motiver nos "camarades de classe". Personne ne nous a écoutés, la plupart on dit qu'on avait raison mais, morts de trouille, ils sont rentrés dans la salle dès que le prof leur a dit de se dépêcher, et ce dernier, un sourire narquois sur les lèvres, nous a dit, à mon pote et à moi, qu'on était grands et qu'on savait ce qu'on faisait, il a fermé la porte et on est restés comme des cons dans le couloir. Alors on est descendus à la cafet', et on a rameuté les quelques retardataires glandeurs qui s'y trouvaient. Ils ont suivi. Tous ensemble on est repartis dans les couloirs, ouvrant les portes des salles en plein cours et en disant que nous étions en grève. Une classe nous a suivi, puis une autre. Après, des leaders naturels sont sortis des rangs, et de fil en aiguille tout notre IUT a fermé ses portes, et on a manifesté dans les rues de la ville. Une semaine après Malik Oussekine se faisait tabasser à mort, et c'en était fini des manifs. MAIS. On a montré qu'on était vivants, qu'on avait aussi des pensées qui n'étaient pas seulement motivées par la consommation. Et je peux vous garantir que ça fait du bien.
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui l'actualité me rappelle quelques souvenirs, et que chacun, avec ses petits moyens, peut dire "j'en ai marre". Aujourd'hui c'est bien pire qu'en 86, le souci n'est pas le CPE, le souci c'est l'obscurantisme à l'américaine, c'est le fanatisme, c'est la peur comme outil de contrôle des masses, c'est le taux de suicide chez les jeunes, c'est un monde qui éloigne les gens les uns des autres, qui prône l'égoïsme et l'intolérance, qui met l'argent sur un piédestal et l'humain dans la boue, c'est le retour du moyen-âge, c'est le mépris de notre planète que certains continuent de bousiller en parfaite connaissance de cause juste pour se payer quelques putes de luxe supplémentaires.
Il n'y a pas de grands moyens de clamer son désir de "liberté, égalité, fraternité" (de quoi ?), alors j'utilise le petit, tout petit, minuscule, moyen qui est à ma portée : le dire, simplement. A chacun de trouver le moyen qui lui convient.
ALORS METTEZ MINISTRY* A FOND ET TOUS DANS LA RUE ! QU'UN SANG IMPUR ABREUVE NOS SILLONS !
* oh putaing les z'amis le nouveau Ministry c'est une tuerie je vous le garantis